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ORTHOREXIE ET PRATIQUE SPORTIVE : QUAND MANGER SAIN DEVIENT UNE OBSESSION

Dernière mise à jour : 6 janv. 2022


Personne obsédée par manger sainement. Elle est entrain de manger une salade de légumes en pensant manger parfaitement.

L’alimentation est une des bases de notre civilisation et prend une place importante dans nos vies quotidiennes. Dans le milieu du sport, le lien entre la pratique sportive et l’alimentation est de plus en plus utilisé. Cependant, certaines personnes vont développer un rapport complexe qui les amène progressivement vers des troubles du comportement alimentaire (TCA). En effet, les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont des conduites alimentaires déférentes de celles adoptées par les personnes vivant dans le même environnement. Il existe des troubles connus comme l’anorexie ou la boulimie mais depuis quelques années, certains sportifs pratiquent également de nouvelles formes de troubles telles que l’Orthorexie. Pour mieux connaitre cette dernière pathologie, nous allons voir comment et pourquoi elle est arrivée dans nos quotidiens et plus spécifiquement dans la vie des sportifs. Tout d’abord nous étudierons ce qu’est l’Orthorexie puis nous ferons le lien avec la pratique sportive dans un second temps.


QU’EST-CE-QUE L’ORTHOREXIE ?


1) Définition et description de la pathologie


Pour commencer, nous allons définir et voir les caractéristiques de cette pathologie.

Le mot « orthorexie » est utilisé pour la première fois en 1997 par le médecin américain Steve Bratman. Il provient du grec « orthos » qui signifie « droit » et « rexia » pour « appétit ».

De plus, dans l’encyclopédie, l’Orthorexie est définie comme « un trouble du comportement alimentaire qui se manifeste lorsqu'une personne est obsédée par la qualité des aliments qu'elle absorbe et le fait d'avoir une alimentation saine. ». Cependant, on peut également rajouter à cette définition une obsession de respecter les règles nutritionnelles strictes. . Ainsi, les personnes orthorexiques ont pour objectif de préserver leur santé en mangeant mieux mais est aussi en permanence à la recherche d’une perfection diététique. Il est considéré comme un TCA par la population mais pas encore par la communauté scientifique. En effet, ils ne savent pas encore comment le qualifier : TCA, TOC, phobie, ou simplement mode de vie.


2) Pourquoi l’Orthorexie est-elle apparue ?


Nous pouvons comprendre les causes d’une telle pathologie dans notre monde actuel. En effet, l’apparition de l’Orthorexie n’est pas si surprenante que ca quand on observe le rapport que nous pouvons avoir de nos jours avec la nourriture, surtout dans les pays industrialisés. Tout d’abord, nous sommes tout le temps exposés à tous les produits qu’il peut exister dans le monde, notamment des produits gras et sucrés ou encore des produits transformés (chaine de fast-food, supermarchés, etc.). Paradoxalement, des recommandations alimentaires officielles (ou non) sont très présentes dans nos quotidiens avec la télé, les radios, internet, etc. (« pour votre santé, manger pas trop gras, trop sucré, trop salé »,…) mais aussi des émissions sur différents sujets liés à l’alimentation, et les nutritionnistes qui mettent en avant la dangerosité de certains aliments ou composants (gluten, lactose…). En plus de tout cela, il y a aussi les réseaux sociaux. Prenons l’exemple d’Instagram où nous pouvons publier des photos. Certains « instagrammer » publient des photos de nourriture qui peuvent influencer les gens.


3) Les symptômes de l’Orthorexie


Maintenant, nous allons nous intéresser aux symptômes de ce TCA. Nous pouvons les regrouper en onze signes :


- Suivre des règles alimentaires contraignantes pour réduire au maximum sa consommation de sel, de sucre et de matières grasses.


- Classer les aliments en deux catégories : « sain » ou «malsain ».


- Être obsédé par la qualité des aliments (peut même prévoir des repas de secours si elle ne mange pas chez elle).


- Considérer la nourriture comme quelque chose bon pour la santé en laissant le goût et le plaisir de côté. Ils bannissent les plats gras ou sucrés.


- Passer beaucoup de temps (plusieurs heures) par jour à réfléchir à l’ensemble de ses repas.


- Abuser des compléments alimentaires.


- Regarder et analyser les étiquettes alimentaires en vérifiant particulièrement les additifs, les conservateurs et les colorants. Par logique, une personne orthorexique mise sur les aliments d’origine biologique sans pesticides.


- Ne pas voir cette obsession et penser préserver sa santé en se nourrissant parfaitement.


- Réaliser de nombreuses recherches afin de trouver le régime alimentaire idéal.


- Se contraindre à des choses inhabituelles pour son régime tel que « mâcher au moins 50 fois les aliments avant de les avaler, ne pas manger de légumes cueillis depuis plus de quelques heures, cuire 12 minutes précises les haricots à la vapeur afin d'en garder des vertus nutritives… ».


- Tenir des discours moralisateurs et rigides sur l'alimentation saine (se croire un exemple).



LIEN AVEC LA PRATIQUE SPORTIVE :


Maintenant que nous avons vu ce qu’était l’Orthorexie nous pouvons en faire un lien direct avec la pratique sportive. Dans les esprits, pratiquer une activité sportive est signe de bonne santé. Mais quand la pratique s’intensifie et qu’il y a un objectif de performance, cela peut virer à l’obsession, certains peuvent basculer dans des comportements compulsifs ou des troubles du comportement alimentaire. J’aimerais rappeler qu’il semblerait que l’apparition de TCA en général soit plus importante chez les personnes sportives (haut niveau ou amateur) que chez les non sportifs. Cette donnée est aussi vraie pour l’Orthorexie, nous parlons alors « d’orthorexie athlétique ».


1) Définition de l’Orthorexie athlétique


L’Orthorexie athlétique a évidemment lieu dans le milieu sportif. Ces personnes sont des compétiteurs prêts à tout pour augmenter leurs performances et leurs résultats, mais aussi pour rester en bonne santé. Ils s’obligent à manger sainement en permanence et veulent être le plus proche possible de la perfection nutritionnelle. Cela entraine l’athlète à calculer ses calories et les pourcentages des nutriments qu’il doit manger extrêmement précisément, dans l’excès sans pour autant s’accorder des aliments qu’il considère comme néfastes pour sa santé et ses performances. On peut parler de restriction alimentaire et cognitives.


2) Comment la pathologie s’installe chez les sportifs


C’est un TCA qui se met en place progressivement. Les sportifs qui se dirige vers un comportement orthorexique voit une solution, souvent imaginaire, à tous leurs problèmes rencontrés lors de leurs efforts physiques (fatigue inhabituelle, douleurs digestives, diminution des performances, etc.). Au début, ils vont simplement rejeter et ne pas toucher à certains aliments considérés comme un « plaisir » (produits sucrés et gras) puis ils vont commencer à exclure des produits « de base » que tout le monde consomme et vont jusqu’à exclure tous les produits qu’ils considèrent ne pas être optimisés pour leurs performances (viandes, poissons, produits non biologiques, etc.).

D’un autre côté, il y a une certaine logique à cela puisque la société accepte et valide totalement le fait d’exclure certains aliments que l’ensemble de la population trouve mauvais pour la santé ou dangereux à cause des publicités ou de mauvaises informations (lait, gluten…).


3) Les sportifs les plus favorables


L’Orthorexie est plus favorable à un certain type d’environnement sportif. En effet, elle toucherait plus spécifiquement les athlètes ayant des contraintes de poids telles que les sports esthétiques (musculation, crossfitness…), les sports à catégories de poids (judo, boxe…) et les sports d’endurance (marathon, trail…). C’est dans ce dernier type de sport que la pathologie est plus souvent retrouvée chez les athlètes féminines que chez les hommes. Dans les deux premières catégories, c’est un peu près similaire entre les hommes et les femmes.

Homme pratiquand la musculation, sport favorable à l'apparition de TCA, en particuler d'orthorexie.

Un diagnostic possible


Très peu d’études ont été réalisées sur l’Orthorexie jusqu’à présent mais nous savons que cette maladie touche de nombreuses personnes en France, hommes comme femmes, et représente environ 6% de la population, une statistique qui ne fait qu'augmenter, sachant que certaines personnes sont atteintes mais ne le savent pas en raison d’une mauvaise information.

Pour savoir si nous sommes atteints, le Dr Bratman a fait une liste des critères permettant de diagnostiquer quelqu’un d’orthorexique :


- Passez-vous plus de 3 heures par jour à penser à votre régime alimentaire ?


- Planifiez-vous vos repas plusieurs jours à l’avance ?


- La valeur nutritionnelle de votre repas est-elle à vos yeux, plus importante que le plaisir de le déguster ?


- La qualité de votre vie s’est-elle dégradée, alors que la qualité de votre nourriture s’est améliorée ?


- Êtes-vous récemment devenu plus exigeant(e) avec vous-même ?


- Votre amour-propre est-il renforcé par votre volonté de manger sain ?


- Avez-vous renoncé à des aliments que vous aimiez au profit d’aliments «sains» ?


- Votre régime alimentaire gêne-t-il vos sorties, vous éloignant de votre famille et de vos amis ?


- Éprouvez-vous un sentiment de culpabilité dès que vous vous écartez de votre régime ?


- Vous sentez-vous en paix avec vous-même et pensez-vous bien vous contrôler lorsque vous mangez sain ?


Il suffit de répondre par « oui » ou « non » à ces questions, si vous répondez plus de 5 fois «oui », alors le problème d’orthorexie peut être envisagé et un examen plus approfondi est fortement conseillé.


J'espère vous en avoir fait connaitre davantage sur cette pathologie trop souvent prise à la légère. N'hésitez pas à partager cette article à votre entourage afin de lutter contre le développement de l'orthorexie.

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